Pourquoi le pape a t-il été retenu en captivité à Fontainebleau ?

Pourquoi le pape a t-il été retenu en captivité à Fontainebleau ?

Portrait du pape Pie VII
Portrait du Pape Pie VII, Jacques-Louis David,1805, musée du Louvre
Alors que les relations entre Napoléon et Pie VII s'étaient apaisées avec la signature du Concordat en 1801, celles-ci se dégradent quatre ans après. L’Empereur veut empêcher les Etats pontificaux de commercer avec l’Angleterre. Récit d'un bras de fer où se mêle religion, politique et vie privée.

Date de publication de la page et auteur de publication

Créé le:

L’escalade des tensions

Après le couronnement de Napoléon à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804, les relations avec le souverain pontife ne tardent pas à se dégrader, l'Empereur ayant dérogé à plusieurs reprises à la souveraineté des États romains en y imposant sa politique de Blocus continental.

Ce conflit entre chefs d'États se mue en crise religieuse lorsque Pie VII refuse de donner l'investiture canonique aux nouveaux archevêques et évêques, la France se retrouvant avec des sièges épiscopaux vacants et des fidèles sans pasteurs.

1809 : l’acmé du heurt diplomatique

D'abord larvée, la crise éclate au grand jour en 1809 lorsque Napoléon décide, en représailles, d'annexer les États pontificaux et d'emprisonner le souverain pontife à Savone.

Non possiamo, non dobbiamo, non vogliamo | Nous ne le pouvons pas, nous ne le devons pas, nous ne le voulons pas. »

Rétorque Pie VII au général Radet, la nuit de son enlèvement

En réponse, le chef de la chrétienté excommunie Napoléon, qui fait tout pour ne pas ébruiter l'affaire. Les évêques comme les fidèles se demandent cependant s'ils peuvent continuer, en conscience, à soutenir un empereur mis au ban de la communauté des chrétiens. Et si le nouveau Constantin, père du Concordat, n'était pas plutôt… un nouvel Attila.

Faire céder le pape au profit de Napoléon

Napoléon finit par réagir en convoquant un concile qui se réunit à l'été 1811 sous la présidence de son oncle le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, avec l'intention de « faire disparaître à jamais les luttes scandaleuses du spirituel et du temporel ». L’Empereur des français compte en réalité faire invalider son excommunication et faire reconnaître officiellement par le pape la dissolution de son mariage avec Joséphine, ainsi que sa nouvelle union avec Marie-Louise.

Affolés à l'idée que l'on puisse s'en prendre au chef du Vatican, les prélats tentent confusément de trouver une solution au conflit, mais l'initiative ne mène à rien, si ce n'est à inquiéter davantage les fidèles. Cette crise religieuse larvée, que la propagande officielle tente d’étouffer, empoisonne les dernières années de l’Empire, réveillant peu à peu les oppositions au régime sous la forme de pamphlets, libelles ou prêches incendiaires prononcées par des prêtres frondeurs. Les partisans des Bourbons sont eux aussi de plus en plus actifs à la fin de la période, tentant de mobiliser davantage de partisans contre l’Usurpateur.

Douze évêques sont envoyés à Savone en août 1811, mais Napoléon sait que leur mission de conciliation ne mènera à rien. Pie VII les fait attendre jusqu'en février 1812, faisant tour à tour mine de réfléchir ou d'hésiter. Avant de partir pour la campagne de Russie, Napoléon décide de ramener le pape en France, espérant toujours le voir changer d’avis et se résoudre à signer un nouveau Concordat. À la suite d’un voyage long et éprouvant, le pontife est transféré secrètement au château de Fontainebleau en juin 1812, où il restera captif pendant près de 18 mois.

Voir aussi